Adblock gta

Un mot à propos d'Adblock et autres bloqueurs

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  • Le 20/09/2015

Avec 50 à 60 % d'utilisateurs de logiciels bloquant les publicités parmi les lecteurs de GameArt, il est temps de faire le point pour expliquer l'impact réel de ce genre de pratique sur l'avenir du site et, plus globalement, d'Internet.

"Bloquer les traqueurs, noms de domaine malveillants, bannières, pops-ups et publicités vidéos" : affiché en plein milieu de la page d'accueil du site du plus célèbre bloqueur de publicité, les raisons d'être d'Adblock Plus sont claires. Les concepteurs du logiciel mettent en avant l'idée d'une navigation confortable, en enlevant tout ce qui pourrait constituer une gêne pour l'internaute. Mais ce qui est moins évoqué, c'est qu'en exigeant toujours mieux sans jamais se soucier de ce que l'on perd au change, l'internaute contribue à enlever à Internet ce qui constituait pourtant son principal attrait lors de son essor il y a de nombreuses années. Les bloqueurs de publicité sont à l'origine d'une vaste vague d'appauvrissement et de privatisation des informations, dont on constate déjà les conséquences. Voici donc pourquoi Adblock et les autres bloqueurs de publicité contribuent à la fin d'Internet tel qu'on le connaît …

 

Le cœur du problème : ne rien donner en échange de ce que l'on reçoit

Initialement, les bloqueurs avaient reçu un franc succès, car permettant de s'attaquer à des formes de publicité extrêmement intrusives : pop-up dans tous les coins, vidéo démarrant automatiquement, ouverture de nouvel onglet, etc. Malgré ce premier objectif, ce type de logiciel a rapidement été utilisé pour bloquer tout type de publicité, des plus désagréables au plus insignifiantes. Mais, agréables ou non, toutes ces publicités sont sans distinction au cœur d'un écosystème garantissant de nombreuses choses que l'on considère comme acquises dans l'Internet moderne.

Adblock gta

Le principe est simple et connu de tous : de nombreux sites se rémunèrent sur la publicité, afin de laisser un libre accès aux informations qu'il contient. Le site donne de l'information à l'internaute qui donne des vues en échange, ces vues sont ensuite échangées contre de l'argent auprès d'agences de publicité. Ce système de don et contre-don tri-partie présente de multiples avantages que l'on expliquera un peu plus bas. Là où Adblock et compagnie constituent un danger pour Internet, c'est dans le fait qu'il brise cet échange : le site internet donne toujours de l'information à l'internaute, mais ce dernier ne fournit plus les vues qui permettront au site de se rémunérer. Bloquer la publicité revient à refuser de payer en échange d'un service que l'on reçoit : le site donne à l'internaute, mais l'internaute ne donne rien en retour.

On pourrait résumer la situation par une phrase digne de celles que l'on trouvait sur les DVD il y a encore quelques années : bloquer les publicités, c'est du vol. De nombreuses personnes répondront sans doute à cela qu'aucun objet n'a été volé, que l'information enregistrée sur les serveurs y est toujours présente, et que le code permettant à un article de s'afficher peut toujours être envoyé à un autre navigateur web. Mais ce serait oublier que le vol ne concerne pas que les biens, mais qu'il concerne aussi les services. Comment appelleriez-vous le fait d'aller chez le coiffeur, de vous faire couper les cheveux, puis de vous en aller sans payer ? Pourtant vous ne lui avez pas pris ses ciseaux, ni l'un de ses miroirs ; mais vous n'avez rien donné en échange d'un service que vous avez reçu : voilà ce qui constitue le vol.
Le cœur du problème que constitue les adblockers est donc celui-ci : rien n'est gratuit. Si vous obtenez quelque chose, vous devez donner autre chose en échange. En bloquant les publicités, vous ne donnez pas les affichages de publicité qui rémunèrent les éditeurs de sites web. Et pourtant, même si vous n'offrez rien, vous exigez d'obtenir l'information que vous recherchez.

Alors ne rêvez pas : une fois encore, rien n'est gratuit et personne n'acceptera de vous fournir un service sans être payé. Même si c'est malheureux de dire cela de cette manière, n'oubliez pas que, quoi qu'il arrive, ce sont nous, éditeurs web, qui auront le dernier mot pour nos sites respectifs : abonnement obligatoire, publi-rédactionnel ou fermeture pure et simple de site web sont autant de conséquences possibles du blocage de publicités. Vous ne pouvez pas éternellement bénéficier d'une information sans jamais la payer. Mais le pire dans cette histoire est surtout que cela ne concerne pas que vous : les internautes honnêtes en font également les frais.

 

Des conséquences sur l'ensemble des sites et des internautes

Comme nous l'avons vu, l'utilisation d'un bloqueur de publicité brise l'échange qui se produit entre un site internet, un internaute et une agence de publicité. Mais il y a une chose importante à garder à l'esprit et qui est que cet échange est généralisé : les utilisateurs d'Adblock se répartissent sur de nombreux sites web. Ce n'est donc pas un internaute, un site web ou une agence de publicité, mais une multitude de chaque qui doivent faire face à un arrêt partiel de paiement de la part de l'un de ces trois groupes.
Comme cet échange, l'impact de son dysfonctionnement est lui aussi généralisé : sur tous les sites et, inévitablement, sur tous les internautes. Il devient ainsi de plus en plus difficile pour les sites d'être rémunérés de cette manière et ceux-ci doivent donc trouver d'autres moyens, pas toujours très honorables, pour subsister. Ces moyens seront la plupart du temps soit devenir payant, soit devenir sponsorisés.
C'est donc ainsi que l'utilisation généralisée de bloqueurs de publicité contribue à l'émergence d'un internet globalement payant ou intégrant la publicité à l'intérieur même de son contenu (publi-rédactionnel). C'est l'ensemble des internautes qui récolte ce que les utilisateurs d'Adblock sèment.

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Alors, pour revenir au sujet spécifique de GameArt et à l'avenir du site face à cette situation, voyons quelles sont les principales solutions possibles qui se présentent, pour maintenir son activité :

  • Le publi-rédactionnel
    Strictement hors de question, le site disparaîtra avant de fournir en son âme et conscience un avis qui ne serait pas sincère.
  • L'appel au don
    Non-plus : GameArt n'est ni une œuvre de charité ni une association quelconque et ne souhaite pas mendier. Le site est pensé et se comporte comme une entreprise, en proposant un service en échange d'autre chose : payer n'est pas une option que l'on laisse à votre bon-vouloir.
    D'autre part, l'appel au don créée pour un site une dépendance totale envers ses lecteurs, ce qui peut engendrer certains problèmes similaires (toutes proportions gardées) à une dépendance envers les entreprises dont il fait mention (dans le cas présent, les éditeurs de jeux vidéo). Il y a ainsi un risque de dérive vers un contenu démagogique, qui ne cherche qu'à plaire aux lecteurs, avec par exemple l'abandon de sujets ou d'opinions pourtant sincères s'ils ne sont pas approuvés par la communauté. Cette situation est donc à éviter pour conserver la pertinence du site, car à quoi sert d'écrire ce que ses lecteurs pensent déjà ? Se faire orateur sur la place publique n'a d'intérêt que si l'on est prêt à donner une opinion différente de celle de son auditoire, or l'auditoire n'acceptera jamais d'encourager par l'argent une personne à tenir des propos qu'il désapprouve.
  • Rendre le site payant
    Il s'agit effectivement une option envisageable et envisagée, mais uniquement en dernier recours car un paiement obligatoire empêche la libre-circulation de l'information. L'accès à l'information ne devrait pas redevenir élitiste : les plus démunis n'ont-ils pas le droit de s'informer ? Comment font ceux pour lesquels une connexion privée à Internet représente déjà beaucoup d'argent, ceux qui ont fait le choix de vivre sans compte en banque et les habituels moyens de paiement qui en découlent ? Et finalement, à quoi sert d'informer si c'est pour que cette information ne soit pas diffusée ? D'autre part, on retrouve une nouvelle fois le problème de la dépendance à la fidélité d'un lectorat.
    L'abonnement payant est effectivement une solution possible qui sera peut-être un jour mise en place, mais toutes ces problématiques la rendent toutefois bien peu attrayante.

Finalement, qu'il s'agisse des trois options ci-dessous ou des nombreuses autres, aucune solution ne semble capable d'égaler l'usage de publicité, quand on voit les nombreux avantages qu'elle présente. La publicité, c'est la libre circulation de l'information, la garantie de son accès par tout internaute quel qu'il soit, à tout instant et sans s'arrêter aux sites qu'il connaît déjà. La publicité, c'est aussi la garantie de l'indépendance d'une rédaction vis-à-vis des personnalités et des entreprises dont elle mentionne les produits, mais aussi celle d'une indépendance partielle vis-à-vis de ses lecteurs. Les publicités ne sont pas un fardeau, elles sont une chance : une chance pour l'internaute d'obtenir une information indépendante et gratuite.

 

Ce que l'on vous demande

C'est donc au nom de la libre-circulation d'une information indépendante que le site maintiendra l'utilisation de la publicité tant que cela sera possible. Mais ce maintien ne pourra avoir lieu qu'au prix d'un réveil des consciences généralisé. Ce que l'on vous demande est donc simple : n'utilisez pas de bloqueur de publicité. Si malgré tout, vous souhaitez utiliser ce type de bloqueur, vous êtes simplement invités à quitter ce site, pour ne pas bénéficier des services que vous refusez de payer.

Desinstaller adblock

Certains avanceront, pour justifier l'utilisation d'un bloqueur de publicité, l'idée que "ce modèle économique ne fonctionne pas, les sites n'ont qu'à s'adapter". Cette réflexion en elle-même est tout à fait vraie : une entreprise ou un groupe de professionnels ne peut imposer une manière de fonctionner à ses clients et doit s'adapter à ces derniers. Mais l'inverse est également exact : de la même manière que l'on ne peut pas vous forcer à visiter nos sites, vous n'avez pas à forcer les éditeurs à changer leur modèle économique par le chantage.
S'il est vraiment nécessaire pour une entreprise de modifier la source de ses revenus, elle finira par le faire face aux difficultés économiques qu'engendrera inévitablement ce modèle s'il est effectivement obsolète. Mais, que ce modèle économique soit réellement obsolète ou non, cette entreprise n'est pas la vôtre, vous n'avez donc pas à faire pression sur son propriétaire pour le forcer à agir selon vos désirs : contentez-vous de ne plus être client.

Pour d'autres, demander aux personnes utilisant un adblocker de ne pas lire un article revient à leur demander de ne pas changer de chaîne de télévision pour regarder autre chose pendant la page de publicité. Mais les choses sont un peu plus subtiles : rien ne vous empêche de quitter ce site pour aller en voir un autre et rien ne vous oblige sur le site à regarder les publicités. Bien-sûr, vous avez le droit de changer de chaîne de télévision durant les pages de publicité ; de même, vous avez le droit de lire uniquement un article d'un site web, sans regarder les publicités qui l'entourent si vous ne voulez pas les voir. Ce que l'on vous demande, ce n'est pas de regarder ou de cliquer systématiquement sur les publicités, mais simplement de les laisser s'afficher correctement dans les emplacements qui leur sont définis : cela revient seulement à vous demander de ne pas modifier le flux vidéo que diffuse une chaîne de télévision.
En effet, le fonctionnement d'un bloqueur de publicité passe par la modification de l'expression de certains scripts, donc par la modification de l'affichage normal de la page que vous visitez. Les publicités sont intégrées dans ce site : ce que l'on vous reproche, c'est de modifier le contenu que l'on vous propose. Ce contenu ne vous appartient pas et vous n'avez pas à le modifier ; si le contenu dans son ensemble ne vous convient pas, rien ne vous empêche de consulter d'autres sites. Notez bien que personne ne peut vous forcer à aller sur un site contenant trop de publicité à votre goût, même si l'on ne vous reconnaît pas le droit de supprimer ces dernières. Le site et les publicités qu'il affiche font partie d'un lot et si ce lot ne vous plaît pas, rien ne vous empêche d'aller voir autre part sur le web.

Ainsi, sur GameArt, l'information et les publicités sont à prendre ensemble : vous ne pouvez pas afficher l'un sans afficher l'autre. Si les publicités ne vous plaisent pas et que vous ne souhaitez pas qu'elles s'affichent sur votre écran, vous êtes invités à chercher vos informations ailleurs.