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Hatred : le titre qui met mal à l'aise le Jeu vidéo

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  • Le 19/10/2014
  • Dans Jeux

À peine dévoilé, le nouveau titre de Destructive Creations fait parler de lui. Basé sur de l'ultra-violence gratuite, le jeu pourrait toutefois ne pas être sans intérêt et simplement montrer une réalité crue.

"Le Jeu vidéo rend-il violent ?" : amis gamers, préparez-vous à voir cette question ressurgir d'ici quelques mois dans les médias, peut-être même accompagnée d'une célèbre nageuse qui ne manquera pas de vous conseiller de "sortir jouer avec les papillons". Alors que l'image du Jeu vidéo s'améliore auprès du grand public et que celui-ci y voit plus qu'un jouet abrutissant pour les enfants préparant une carrière de tueur en série, voilà qu'arrive un titre qui propose du meurtre de masse avec une touche de gore et d'ultra-violence. Sacrilège ! Mais quel est donc ce jeu hérétique qui réduit tous nos efforts à néant ?

Ce jeu, c'est Hatred : un simulateur de meurtre de masse qui nous propose de tuer le plus de personnes possible avec la haine de l'être humain pour seule motivation. Dès son annonce, il y a quelques jours, le titre a fait l'effet d'un coup de pied dans la fourmilière du gaming. Les avis sont divers : pour certains le jeu semble amusant, pour d'autres il ne devrait jamais voir le jour.
Alors ce jeu est-il mauvais pour le Jeu vidéo ? On peut déjà dire que non, et ce pour les réactions et débats qu'il suscite.

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Partout sur le web, on retrouve donc un florilège d'avis sur ce jeu partant d'un extrême à l'autre, comme c'est le cas pour n'importe quelle création qui ne joue pas la carte du conformisme. Certains adorent d'autres détestent : c'est le genre de retour que l'on obtient dès que l'on propose quelque chose de différent voire d'unique. Chacun réagit de sa manière à la seule chose que le jeu propose : l'ultra-violence et le meurtre.

Pour ce qui est de l'ultra-violence, on l'avait déjà rencontré dans certains titres mais jamais présentée de cette manière. On repense par exemple à The Darkness et The Darkness II qui présentaient une violence tout à fait similaire, mais justifiée par le scénario. Le protagoniste étant possédé par le Diable en personne, ces deux titres auraient perdu toute crédibilité s'ils s'étaient contentés d'une violence "soft". Ici, c'est différent : on ne connait pas le nom du protagoniste, on ne connait pas son histoire et il ne semble même pas y avoir de scénario à proprement parler. La seule raison d'être du personnage principal est de tuer pour tuer, sans autre raison que d'apporter la mort. La brutalité du titre est encore exacerbée par des gros plans dans lesquel certaines victimes suppliantes sont achevées de manière mécanique.

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Alors qu'est-ce qui dérange dans ce jeu ? C'est sans aucun doute la violence gratuite que beaucoup commencent déjà à dénoncer : le meurtre de masse, la mort d'innocents, la brutalité du protagoniste et son indifférence envers les supplications de ses victimes. Pourtant, d'autres n'hésitent pas à comparer le titre à Grand Theft Auto. Et il faut avouer que les morts sont nombreuses dans cette franchise qui permet de créer sans difficulté un immense chaos dans une ville qui sera vite peuplée de plus de morts que de vivants.
Mais quelle est donc la différence entre cette franchise et ce nouveau jeu qui vaut à ce dernier un accueil à ce point mitigé ? Plutôt que la violence elle-même, c'est avant tout la sensation de violence. La plupart des jeux auront beau proposer le massacre d'un nombre immense d'êtres vivants, il n'est que rarement ressenti. D'une part, ce massacre est toujours justifié : les victimes peuvent être une menace pour soi ou sa communauté, ou barrer le chemin vers un objet que l'on veut obtenir. D'autre part, la mort des victimes n'est pas toujours ressentie : elles peuvent être déshumanisées (mauvais graphismes, pas de cris), ou tout simplement ne pas faire partie de l'espèce humaine.

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C'est donc là que ce jeu pourrait s'avérer intéressant, car il propose la violence toute nue : aucune autre justification que la haine, aucun masque empêchant de voir la mort de chaque personne que l'on tue. Tous les artifices masquant la réalité de l'acte tombent et pourront laisser la place à quelques questionnements sur la nature de la violence, autant dans l'Art que dans le monde réel. Est-ce que le fait d'avoir un scénario rend le meurtre moins violent ? Est-ce plus violent de tuer quelqu'un soi-même que de soutenir des conflits internationaux en refusant de regarder la réalité des combats ? Autrement dit, l'impression de violence est-elle réellement ce qui constitue la violence ?
Car c'est bien ce que nous propose ce jeu : tuer des centaines de personnes innocentes, soit la même chose que l'on retrouve dans de nombreux autres jeux vidéo, films, livres et même dans la réalité. La seule différence est qu'aucune justification n'est proposée pour atténuer cette sensation de violence : pas d'histoire de vengeance, pas de légitime défense, ni même de gouvernement qui joue le rôle de filtre afin d'éviter que le citoyen ne soit choqué par ce qu'il soutient.

Finalement, le plus intéressant dans ce jeu ne sera pas nécessairement son contenu mais plutôt les réactions qu'il génère déjà chez les joueurs et les réflexions que l'on pourrait en tirer. Et puisque tout l'intérêt de ce titre est là, n'hésitez pas à donner votre avis en commentaire.
Pour ce qui est du jeu, il arrivera sur PC durant le deuxième semestre 2015.

Hatred